Hier soir déjà, je m’étais penchée un peu trop près sur ma peau. Et ce tout petit truc, là, que j’avais commencé à triturer … bingo : une croûte. Et moi ce matin … je fais quoi ? Je gratte la croûte … et voilà que ça suinte … lamentable.
Et maintenant, tu vas faire quoi ? Aller au boulot avec encore une marque de plus ? Ben … ouais. Ah galère …
Ma collègue me regarde.
Je suis mal à l’aise.
Ça va ?
Heu .. oui. (Je crois bien que j’ai fait non avec la tête)
Qu’est-ce qui t’arrive ?
Hem … je ne me maquille plus ! J’ai tellement souffert, avec cette plaie … C’est comme ça que ça a commencé … en essayant de maquiller un bouton. Voilà… ma peau est comme elle est. Je dois la laisser respirer si je veux qu’elle s’améliore.
Tu as raison. C’est un grand pas que tu as franchi là.
Elle est chouette, cette collègue. Ça m’a fait du bien de pouvoir lui expliquer ma démarche.
Ce qui est chouette aussi, c’est que depuis que je ne mets plus de maquillage (et pourtant, c’était juste de la poudre … bio … de chez Zao) … quel confort ! Fini les démangeaisons, fini le soir de courir me démaquiller parce que j’ai l’impression d’étouffer. Et ma peau cicatrise encore plus vite. Et la peau autour de la cicatrice semble plus belle, moins enflammée. Que du positif.
Sauf que …
sauf que ce soir … comme hier soir … j’ai de nouveau scruté mon visage. Je ne supporte pas le moindre petit relief, la moindre ombre de bouton, ou de micro kyste. J’ai pas pu résister : j’en ai grattouillé … quatre … cinq ? Je ne me suis pas acharnée. Mais j’ai bel et bien agressé ma peau. C’est pas possible ! Mais pourquoi je fais ça ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond ?
Au boulot … ça va plutôt bien.
Mon homme … il est plutôt chouette. Un peu grognon parfois, genre ours mal léché. Mais bon … gentil quand-même, le grizzli. Souvent, il me saute dessus et chaque fois, je me demande : comment peut il encore avoir envie de me sauter dessus avec la tête que j’ai ? Parce que moi, là : j’ai pas envie … moi … qu’il me saute dessus.
Je me pose une question … dérangeante.
J’ai pas envie qu’il me saute dessus … parce que je suis toute égratignée ?
Ou …
Je suis toute égratignée parce que … ?
Franchement … je ne sais pas. J’espère que le psy pourra m’aider à comprendre qu’est-ce qui cloche.
Et les enfants ? Épuisants … enfin … épuisant : l’aîné. On a du mal avec lui depuis la crèche. Dix ans qu’on se bat au quotidien avec un enfant « difficile ».
Sa maîtresse, sa gentille maîtresse s’inquiète pour son entrée au collège. Nous aussi, on s’inquiète.
La directrice du périscolaire a cru judicieux de justifier son incapacité à le gérer d’expliquer son comportement à ses petits copains en leur faisant un cours sur l’autisme ! Ben voyons ! Rien que ça. Et depuis, c’est pire ! Bravo ! Même à la maison, ça ne va plus. Pauvre gamin.
Cher enfant … je t’aime … tu es juste … magnifique, fort, en pleine santé, intelligent, sensible, gentil … et … tellement fragile. Angoissé, un peu rigide, très peu de copains … attaché à tes doudous … tes habitudes … tes petits trésors. Tu grandis, à ton rythme : et alors ?
Cher enfant … ta maman est fatiguée.
Fatiguée parce que pendant des mois, elle s’est traînée avec une vilaine plaie.
Fatiguée aussi parce que chaque jour, il faut se battre pour des choses qui devraient aller de soi : t’habiller, te laver, venir à table, répondre, faire tes devoirs, te brosser les dents, te coucher … Dit comme ça, ça n’a l’air de rien. Et je me suis souvent dit : j’ai deux beaux enfants en pleine santé et … et j’ose me plaindre de quelque chose ?!
C’est de me battre qui m’use. Quand la force et les cris prennent le pas sur la patience. Quand l’exaspération l’emporte sur la compréhension. Là où je ne voudrais qu’amour et douceur … il y a parfois la guerre. Ça … je ne le supporte pas. Et ta résistance, dans ces moments là, est à la hauteur de notre détresse.
Hier soir, j’ai crié ma rage, pleuré mon ras le bol. Et ce soir … toi … tu as été le plus adorable des petits bonhommes.
Jour 36 : qu’est-ce qui cloche ?
Grattage : une demi-heure au moins …
Humeur : pensive