La frontière entre l’effondrement et la renaissance me semble si ténue.
Pouvoir dire à son boss : je craque … sans craindre d’être jugée.
L’entendre dire : moi, à ta place, j’aurai craqué depuis longtemps.
Et aussi : t’inquiète.
Retourner dormir quelques heures après avoir déposé les enfants à l’école
Voir la plaie commencer à sécher
Aller chez le psy
Demander une semaine d’arrêt
Découvrir une fine croûte sur la plaie
Prendre le goûter avec les enfants
Prendre le temps de cuisiner autre chose que des surgelés
Avancer le boulot en retard
à part ça … lundi … c’est psy !
eh bien …
ce bavard n’a pas eu l’occasion de dire grand chose
j’en avais
des choses à dire
ma peau
mes cicatrices
non ce n’est pas une carapace ni un masque
au contraire
cette peau que j’attaque
c’est comme si je voulais ne plus cacher ce qu’il y a dessous
moi
qui je suis vraiment
pas celle que l’on perçoit au premier regard
et puis
ma mère
parlons en !
cette mère qui a repoussé le bébé que j’étais
effrayée ( ??? ) par ce bébé qui « se jetait sur son sein »
elle m’avait raconté ça, un jour
je suis triste pour ce bébé que j’ai été
cette mère qui ne nous disait jamais qu’on était mignones moi et ma sœur
oh mais la petite voisine … elle … qu’est-ce qu’elle était … « miiiiignooooooone !!! »
cette mère que je n’ai jamais laissée me peigner
cette mère qui me répétait inlassablement que j’avais le regard noir
eh oui … le regard de la belle-mère … bien sûr !
certainement pas le regard d’une petite fille un peu triste
et puis
la bonne élève
celle qu’on bousculait dans les couloirs, au collège
la fille a qui les parents répétaient
il faut réussir
et …
et bref …
pfffiououou …
Jour 61 : respirations
Grattage : non
Évolution : après nettoyage agressif des tissus morts la plaie a suinté pendant 24 heures – puis séché – puis croûté – la plaie est propre et semble vouloir cicatriser –
Humeur : reboostée