Jeudi dernier
je vais faire court
pas envie d’en faire une tartine
jeudi dernier
je ne sais même pas trop pourquoi
j’ai bien des idées
bref
j’ai massacré mon visage
comme jamais
enfin je ne sais plus
pas de plaies profondes
mais un sacré massacre
Je ne sors plus de chez moi
sauf le matin
j’emmène les enfants à l’école
avec une minute de retard
pour croiser personne
en voiture
pour croiser personne
et je file
vite
sans croiser personne
Aller chez le psy
lundi
ça a été difficile
aller le voir
dans cet état …
La semaine précédente je lui avais dit
je sens que je suis en train de m’en sortir
la bonne blague
Et ce lundi je baisse la tête
j’ai …….
faible murmure
hum ?
J’ai … j’ai … j’ai massacré mon visage
oui … j’ai vu
Longue discussion
miroir
émotions
perte de contrôle
colère
tristesse
Le psy
essaie de comprendre autant qu’il explique
Et cette question :
je … ne me dites pas que j’attaque mon visage
pour
lui montrer que ça ne va pas ?!
non c’est pour le dire … à vous !
moi ?
oui, c’est vous qui n’acceptez pas de voir que ça ne va pas
Et c’est vrai
combien de fois ai-je dit
j’en peux plus
j’en peux plus de …
… cette plaie qui m’a pourri la vie pendant près d’un an
… mais pas que
Mais … je me sens pas déprimée
non
parce que votre souffrance s’exprime physiquement
Vous savez …
(non je ne sais pas)
il y a des gens qui ont mal au ventre
et le jour où ils prennent des anti-dépresseurs
le mal de ventre disparaît
c’est une dépression masquée
Anti-dépressseurs ?!
oui, pourquoi pas
pas question !
je vous laisse y penser
Pas envie d’avaler des trucs qui modifient le fonctionnement de mon cerveau !
Vous ne voulez rien faire à votre cerveau …
… mais regardez ce que votre cerveau vous fait à vous ( Bam ! )
Le psy me propose de noter
dans un tableau
ou sous forme libre
ce qui se passe quand je gratte mon visage
les circonstances
les émotions
les manifestations physiques
avant – pendant – après
Je regarde le tableau
une ligne par crise
mais moi
j’ai pas envie
d’en remplir une seule de ces lignes
enfin je veux dire
j’ai pas envie d’avoir quoi que ce soit à noter
pas envie de refaire une crise
je regarde la feuille en silence
un peu hébétée
je la prends quand-même
Mal à l’aise
je lui demande de me mettre en arrêt
C’est bien
prendre un arrêt
c’est déjà un bon début
Je suis sortie
avec l’envie d’avancer
l’envie de m’en sortir
Jour 90 : défigurée
Grattage : grosse crise jeudi dernier – depuis … pas grand chose – ça me fait tellement mal de me voir … que le miroir, j’y vais pas.
Bonjour à toi chère missbulle, j’ai bien du mettre 2 bonnes heures à lire ton récit, de la 1ère page à celle ci, une lecture ponctuée de rires et de pleures (j’exagère à peine). Enfaite je me retrouve parfaitement dans ton récit. Je ne suis pas ici pour raconter toute mon expérience avec l’acné et la dermatillomanie (ça serait trop long et je devrait ouvrir un blog comme toi), mais qu’est ce que ça fait du bien de se sentir moins seule! Je n’ai plus d’acné et peu de boutons, mais comme ton psy là très bien dit « souvent avec une addiction l’origine du comportement a disparu mais le comportement reste ». C’est exactement mon cas. Mon acné à duré 1 an environ et était assez modéré, mais ça a été un véritable déclencheur de grattage compulsif et excessif ! Aujourd’hui ça va faire 3 ans que ça dure (avec des hauts et des bas, mais beaucoup plus souvent de bas) et j’en ai ras le bol! Obligée de se couvrir de font de teint, ne pas assumer sa peau au naturel, se balader à la maison avec des couches de crèmes cicatrisantes sur les croutes. J’ai donc décidé de faire la paix avec ma peau (ça doit bien être la 10.000 fois que je fais cette promesse mais je ne perd pas espoir). Je veux la laisser tranquille et ne plus m’en preocuper; parce que, qu’ont qu’on dise et qu’on fasse, moins on en fait, moins on la touche et mieux notre peau se porte (j’en fais l’expérience tout les été ou je la laisse tranquille et qu’elle redevient niquel). Je vais donc continuer à suivre tes récits avec attention, et mener se combat avec toi. On va devenir des vraies battantes et, au final des winneuses, fière d’elle et de leur peau !
Amicalement
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Bonjour Pauline,
merci pour ce partage et sois la bienvenue. Ce blog est pour moi un soutien et aussi l’occasion de partager ce vécu avec d’autres personnes .souffrant de dermatillomanie. N’hésite pas à ouvrir un blog pour exprimer ton vécu. Ça fait du bien d’écrire. Et je serai ravie de te lire.
🙂
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J’avais une question à poser, à toi et à pom27 (dont j’ai ADORÉ le blog également), voilà j’ai pas souvent de boutons, mais surtout des points noirs que je triture et qui me laisse de bonnes marques donc ça je sais qu’il ne faut pas y toucher et j’arrive de plus en plus à les laisser tranquille. Mais mon problème c’est que parfois j’ai des boules qui se forment, parfois ce sont dès micro kystes mais parfois il y a juste de la lymphe et je ne peux pas m’empêcher d’essayer de les percer. Donc comment faites vous pour gérer et désenfler ce genre de boules qui ne sont pas infectées (je les infectent parfois par la suite en les triturant )
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Je sais que c’est difficile de supporter d’avoir une « boule » sous la peau. ( pour tout dire, je ne supporte pas ). Les fois où je résiste à y toucher, cela désenfle tout seul en quelques jours.
Pom te dirait : fuis le miroir, ne regarde plus ta peau. Et elle a raison. Sinon, tu peux essayer de mettre qqc dessus qui à la fois traitera et cachera ( quand tu es chez toi ). Bon courage !
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coucou missbule, c’est marrant que ton psy parle de « dépression masqué » qui s’exprime plus physiquement que psychologiquement. Quand j’ai arrêté de toucher à ma peau pendant de longs mois sans aucuns craquages, progressivement j’ai commencé à me sentir comme « déprimée » dans ma tête, et ça dès le réveil, c’était assez flippant, et nouveau pour moi, car c’est une chose qui ne m’arrive jamais quand je suis en pleine dermatillomanie. Cet état de déprime a fini par se dissiper, mais c’était étrange que malgré l’arrêt de la dermatillomanie, une déprime s’en est suivi, cette fois-ci, elle, bien morale.
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Hello Pom 🙂
Oui, c’est très intéressant et c’est une chose que je n’aurais certainement pas pu comprendre seule. Par ailleurs, il me semble avoir lu des trucs sur la dermatillomanie qui expliquaient (en gros ) que pendant une crise, l’acte de grattage va générer des substances dans le cerveau. D’où certainement une sorte de manque le jour où tu arrêtes. J’ai toujours senti, et parfois dit, avant même d’avoir compris que je souffrais de dermatillomanie que le jour où je n’aurai plus de boutons … bizarrement … il me manquerait quelque chose.
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